Journal d'un citoyen ordinaire dans une République extraordinaire : mémoire du temps présent

Résumé du livre

Journal d'un citoyen ordinaire dans une République extraordinaire

Attention, le président va passer. Pas d'âme qui bouge, tous les commerces sont fermés. C'est ville morte. Une garde hideuse dirigée par des experts étrangers veille et menace. Le président c'est dieu, face à une élite corrompue, paresseuse et lâche qui chante ses louanges. Voici donc ce pays tétanisé par plus de trois décennies d'un pouvoir aussi hallucinant que mystérieux.

L'histoire du temps, c'est d'abord notre mémoire au quotidien, le récit de nos faits et gestes, le répertoire de nos souffrances. Aujourd'hui, c'est un mort et un mort de trop. Demain ce sera une grosse injustice et une de trop. Chaque jour amène son lot d'abus, d'humiliations, de souillures de la conscience humaine. Néanmoins, on parle et on reparle d'État de droit.

Les dictatures, les autocraties, les régimes sales de toute réputation prospèrent d'abord parce que le citoyen manque très souvent de repères, de source de comparaison, de référentiels historiques pour l'amener à se réveiller, à mieux appréhender son monde et ses droits, à donner plus de sens à son existence. Les choses vont tellement vite au royaume du roi absolu, que consigner le quotidien devient presque illusoire.

Ici, la révolte écrit son nom à chaque instant, et annonce les luttes de bientôt tissées sur moult vexations. Heureux, dira-t-on à la fin, ceux des citoyens du monde qui n'ont pas à faire la comptabilité de tout ce qui en une journée, en une semaine, en un mois, en une année, leur arrache toute envie de vivre, en les maintenant dans la condition d'esclaves. C'est l'enfer de la déchéance, le symbole achevé de l'échec, la boussole de la souffrance, de la désolation et de trop de travers. Voici le journal de la pitié, de la honte et du désespoir, méthodiquement rédigé, afin que demain personne n'ignore. C'est la presse d'un coeur meurtri, confus, contemplatif et désolé mais alerte.